Il faisait zip quand il roulait

Neige au parcQu’est-ce qui peut détrôner la crise politique belge ?  La crise météorologique belge !

Ce n’est un secret pour personne : il neige. Et pas un peu. C’est le sujet de conversation numéro 1 pour le moment dans le plat pays et sur internet (Facebook, Twitter, blog,…).
Sur Twitter, le hashtag #neigeBE (créé semble-t-il par Sud Presse) est suivi par de nombreux internautes et repris par de nombreux médias (Sud Presse, Le Soir, La DH,…).

Mais qu’a-t-elle de si exceptionnelle, cette neige ? Elle? Rien. C’est la façon dont est traitée cette neige.
La Belgique est située à un endroit où la pluie et la neige tombent fréquemment. Chaque année, il y a de la neige mais, cette année, elle est assez abondante.
Pourtant, elle ne tombe pas en grande quantité mais c’est l’accumulation qui fait parler de cette poudreuse.

L’année dernière déjà, la neige a posé pas mal de problèmes sur nos routes : les autorités n’ayant pas anticipé, le sel a commencé à manquer cruellement, rendant impossible le déneigement.

N533 BLC
La N533 à Braine-le-Comte

Ces mêmes autorités nous ont promis avoir fait le nécessaire cette année mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Enfin, si. Ils ont bien fait le nécessaire en se basant sur les chutes de l’année passée. Oui, mais cette année, la neige tombe plus longtemps et donc s’accumule.

De fait, les administrations communales manquent de sel. Certains camions d’épandages tombent en panne. Le déneigement n’est alors plus possible.
Le problème est que cette situation n’est pas localisée uniquement en Belgique mais est similaire voire pire dans nos pays voisins comme la France ou l’Allemagne. Vu que les commandes de sel se font en France et que les camions sont restés bloqués plusieurs heures étalées sur plusieurs jours, les commandes de sel n’arrivent pas. Les routes restent enneigées et les camions bloqués. Et tant que les camions ne peuvent pas circuler pour livrer le sel, on ne peut pas déneiger… et ainsi de suite.
Je viens d’apprendre que même le Service public de Wallonie commence à manquer de sel et qu’une note de service ordonne de ne faire qu’un seul et unique passage par jour par manque de sel !

L’herbe n’est pas plus verte chez le voisin

Autoroute A20 à hauteur de Limoges (AFP)

On entend beaucoup les gens, à juste titre, se plaindre de l’inactivité des autorités à déneiger.
Et comment cela se passe ailleurs ? Tout roule à l’étranger sauf en Belgique? Pas sûr.
En Allemagne, de nombreuses routes sont bloquées, les voies secondaires restent enneigées.
Même chose en France. Lorsqu’on regarde les infos, on se rend même compte que les choses sont encore plus compliquées dans l’hexagone.

« Oui, mais au Québec, ils ont des hivers plus rudes et pourtant tout se passe bien ! »
C’est justement cette habitude qui permet aux Québécois d’avoir le matériel. Ils ont les engins roulants, ils ont le sel et l’espace de stockage. Ici, en Belgique, cela fait des années que nous n’avons plus eu ce type de temps. Alors que tout le monde parle de crise économique et d’économies, qu’aurait fait le peuple en apprenant que les autorités avaient investit en masse dans des engins de déneigement, juste au cas où… ?

Le temps que nous connaissons aujourd’hui est un temps exceptionnel. Même si c’est effectivement le type de météo que nous sommes censés avoir en Belgique, cela fait des années (un bon 20 ans) que cela n’est plus arrivé. Nous avons perdu l’habitude.

Partons au Canada où, comme certains le disent, tout se passe pour le mieux.
C’est vrai, ils sont habitués. Ils suffit de voir que, là-bas, il existe un spot TV pour le déneigement.

Prenons une ville au hasard, Saint-Lazare par exemple (parce que hasard et Saint-Lazare ça rime !). Ville située à l’ouest de Montréal et donc habituée à ce type de précipitations.
D’une superficie de 67km² (contre 102km² par exemple pour Charleroi), dès qu’il y a une accumulation de 2,5 cm de neige, 9 équipes de déneigement débutent leurs opérations simultanément. Il faut approximativement 5h pour déblayer la totalité du territoire. Sauf si la neige continue de tomber, bien entendu.
Je n’ai pu avoir ce type d’information pour la ville de Charleroi.
Pour l’anecdote, à Québec, lorsqu’il neige, on ne peut pas laisser son véhicule dans une rue qui doit être déneigée. L’année passée, cela a même posé un petit problème.

Bref, là-bas, ça roule. D’autant plus que les pneus hiver sont obligatoires.
Mais, eux aussi, sont confrontés à des situations exceptionnelles comme ce 13 décembre en Ontario, sur l’A402.

Ontario
A402 en Ontario (© Shawn Jeffords)

Cinquante centimètres de neige en 36h et des centaines d’automobilistes ont passé la nuit dans leur voiture. Lundi matin, le blizzard a obligé les conducteurs à s’arrêter et ils n’ont pas pu repartir. L’évacuation a eu lieu soit grâce à des motoneiges, soit par les airs.
La circulation sur cette route n’a été réouverte que le jeudi.

Comme vous pouvez le constater, même là où la neige est une habitude, lors de situations exceptionnelles, la neige pose problème.

Alors, oui, nous n’avons pas eu de blizzard mais la situation est, à l’échelle de la Belgique, exceptionnelle. D’où les problèmes que nous connaissons aujourd’hui.

Certes, nos autorités n’ont peut-être pas fait assez. Pourquoi n’avoir presque rien déneigé le 25 décembre ? Et si la neige était de nouveau tombée le 26 en grosse quantité, l’accumulation aurait été telle que le déneigement aurait quasi été impossible.

La Belgique non préparée

Ce type de temps n’était plus apparu depuis fort longtemps. D’ailleurs, je ne me souviens plus avoir vu autant de neige depuis 1988.
Nous ne sommes donc plus habitués à cela. Les véhicules de déneigement sont moins nombreux, l’espace de stockage du sel n’est pas énorme vu qu’en général c’est suffisant et les automobilistes n’ont pas de pneus hiver. Or, les pneus hiver sont indispensables durant cette période : ceux qui en possèdent sont catégoriques.
En effet, un pneu hiver n’est pas un pneu pour la neige uniquement mais aussi lorsque la température descend en dessous des 7°C. Et une telle température n’est absolument pas rare en Belgique !
Faut-il alors obliger les automobilistes à s’équiper de ce type de pneu ? D’un point de vue sécurité routière, ça ne se discute même pas : OUI !
Du point de vue de votre banquier, cela se discute ! Les pneus (qu’ils soient d’été ou d’hiver) coûtent chers. Très chers même pour certains types.

En même temps, les pneus hiver doivent être utilisés dès que la température passe en deçà des 7°C, on peut s’en servir 4 bons mois par an.

Et si on se passait de la voiture ?

Utiliser sa voiture reste, avec ou sans pneus hiver, beaucoup plus dangereux que dans n’importe quelles autres conditions. Le mieux est de laisser son véhicule au garage et d’emprunter les transports en commun.
Je ne vais pas parler des traditionnelles grèves. Nous y sommes habitués et lorsqu’il n’y en a pas pendant plusieurs mois, on s’inquiète 🙂
Les transports en commun doivent, eux aussi, emprunter la route. Et eux aussi sont tributaires de l’état des routes et donc du déneigement ou dégèlement.
Mention spéciale pour la STIB qui nous a tenu informé tout au long du week-end sur l’état du réseau.
Par contre, gros coup de gueule pour le TEC qui affichait sur son site : voyez avec la presse. En gros, débrouillez-vous, c’est le week-end, nous on ne bosse pas !
On a d’ailleurs pu voir et entendre qu’il faut utiliser le service TECxto pour connaitre l’état du réseau mais… le 26 au matin c’était toujours l’état du 24 !
A part à Bruxelles grâce au Metro, en Belgique les transports en commun ne sont pas vraiment une alternative lorsque les routes sont enneigées.
Même du côté des trains il y a eu des perturbations. Très peu, il faut l’avouer. Mais le train n’est pratique que si on a une gare à proximité de son point de départ et à proximité de sa destination.
Mais là, aussi, nous sommes habitués à avoir des transports en commun pas très pratiques (un exemple personnel : pour aller à l’hypermarché le plus proche de chez moi, en voiture je mets moins de 10 minutes en respectant le code de la route et en transport en commun un peu plus d’1h !).

Pour conclure, si dans certaines communes il y a clairement un manque d’organisation, dans d’autres (et sur le réseau principal) c’est le côté exceptionnel qui nous a conduit à la situation que nous connaissons.
Il suffit de voir le nombre de toits qui s’effondrent : preuve que le pays n’est pas habitué à ce type d’intempéries.

Jusqu’à présent, à titre personnel, je trouve que notre pays s’en est bien sorti. Il faut juste espérer que nos impôts vont servir à acheter un peu plus de sel, et rapidement. Sinon, au pire, on pourra toujours réquisitionner celui qui se trouve dans les nombreuses friteries que possède notre territoire 🙂

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