L’archéologie ou comment vénérer les chiottes des ancêtres

Gogues

Loin de moi l’idée de vous énumérer tous les livres que j’ai lu, d’ailleurs la liste est relativement courte sauf si les BD jeunesse peuvent s’y trouver, mais je viens de lire un livre qui m’a fait sourire tellement il est criant de vérité fausse.

Je m’explique.
Déjà, c’est un livre jeunesse (oui, j’aime les livres destinés aux jeunes, et alors?) donc facile à lire. Il est d’ailleurs composé de grandes illustrations. Il se lit en plus ou moins 45 minutes en prenant son temps.
Mais c’est aussi un livre qui traite de l’archéologie et de l’interprétation que donnent les archéologues à ce qu’ils découvrent.

Le livre n’étant pas lui-même de première fraîcheur puisqu’il date de 1979 commence comme ceci :

Le 29 novembre au matin, une réduction fortuite des tarifs postaux applicables aux courriers dits de troisième et quatrième catégories ensevelit les citoyens américains sous des tonnes de prospectus publicitaires, brochures et autres dépliants gratuits.

L’après-midi, des impuretés apparemment restées en suspension dans l’air depuis des siècles finirent par céder à la pesanteur et s’écroulèrent sur ce qui restait d’une population déjà pétrifiée.

Ce livre de David Macaulay intitulé « La civilisation perdue, naissance d’une archéologie » montre comment on peut se tromper en découvrant des antiquités et en imaginant à quoi ces objets pouvaient servir. Souvent d’ailleurs attribués à des rites religieux, comme si il n’y avait que ça qui existait.

En 1985, un cataclysme d’une ampleur sans précédant détruisit virtuellement toute forme de vie sur le continent nord-américain. En moins d’une journée, la civilisation la plus avancée de l’ancien monde avait péri.

En  4022, un archéologue amateur, Howard Carson, disparaît dans un trou et se retrouve au fond d’un puits, face à l’entrée d’un tombeau antique… Frappé de stupeur, il comprend qu’il vient de mettre les pieds sur le seuil de l’histoire. Les mystérieuses coutumes funéraires du Nord-Américain du 20e siècle vont enfin être révélées au monde.

Mais les interprétations de Carson se révéleront entièrement fausses…

Ce livre met ainsi en évidence la façon dont on voit les choses passées. Comment elles sont déformées quand on fait des déductions selon des légendes et les coutumes et croyances actuelles.

Je vous proposerais bien de l’acheter mais malheureusement il n’est plus disponible à la vente. Vous le trouverez toutefois très facilement en prêt dans toutes les bonnes bibliothèques. Et si celle près de chez vous n’en possède pas un exemplaire, il y a toujours le prêt interbibliothèque.

En fait, cet Howard Carson tombe dans la chambre d’un motel. Et visiblement, en 4022, cela n’existe plus. Le livre décrit les déductions d’Howard Carson face à ce qu’il découvre.

Pour vous donner une petite idée, voici une illustration

Reconstitution d'un rite religieux du 20e siècle.
Reconstitution d’un rite religieux du 20e siècle.

L’archéologue, lors d’une exposition, fait une reconstitution d’un rite religieux en s’agenouillant devant l’urne sacrée en portant le grand collier de cérémonie.

La chambre funéraire où se trouvait le défunt
La chambre funéraire où se trouvait le défunt

Voici le texte qui accompagne cette illustration dans le livre

Tout ce qui se trouvait dans l’antichambre faisait face au Grand : Autel (n° 1), y compris le corps du défunt qu’on avait allongé sur la plate-forme de cérémonie (n° 5). Ce dernier avait à la main le Communicateur Sacré (n° 3). Divers articles vestimentaires, dont le pectoral de cérémonie (n° 2) et des chaussures conçues pour retenir des pièces de monnaie (n° 6), étaient éparpillés à travers la pièce. Il y avait sur l’Autel et près de la plate-forme des récipients ayant autrefois contenu des libations et des offrandes (n° 9). Près de la plate-forme également se dressait une statue de la fidèle déesse WATT, symbole de la clarté éternelle. Mais l’accessoire le plus important de l’antichambre était sans doute le récipient marqué ICE (n° 14). Cet objet, dont la fonction dérivait sans doute de celle des anciens vases funéraires de l’origine des temps, était destiné à conserver pour l’éternité, du moins symboliquement, les organes internes du défunt. Les Yanks, amateurs de terminologies complexes donnaient à ce récipient le nom d’Isolateur des Contenus Essentiels.

Après la lecture de ce livre, vous ne verrez plus l’archéologie de la même façon.
Et si les preuves de l’existence de dieux qu’on a aujourd’hui n’étaient rien d’autre que des extrapolations de ce genre faites il y a des centaines d’années et qui, au fil du temps, se sont encore déformées un peu plus…
Vous vous rendez compte qu’il y a des gens qui, peut-être, meurent aujourd’hui pour les gogues de nos ancêtres très très lointains…

Dans le même genre, il y a l’article d’un odieux connard que je vous recommande chaudement et intitulé « Une époque formidable » qui nous explique comment les archéologues de demain décriront notre monde en se basant sur la presse d’aujourd’hui.

Là encore, vous ne verrez plus la presse et tout ce que vous pourrez lire et entendre de la même façon.

Il ne faut pas oublier que l’histoire reste de l’interprétation car il manque toujours des données et surtout le contexte.

Pour conclure, vous pouvez me croire quand je dis qu’il ne faut pas me croire.

 

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